Les enfants neuroatypiques (DYS, TSA, TDA/H, HPI) peuvent être sensibles au changement dans leur environnement. Heure du réveil, temps des devoirs ou moment d’aller se coucher peuvent se transformer parfois en véritables crises si des rituels clairs ne sont pas installés.
L’établissement de routines offrent une structure rassurante et prévisible, favorisant le bien-être de l’enfant et de son entourage. A l’école comme à la maison, elles favorisent la régulation des émotions, l’autonomie, la concentration et l’estime de soi.
La sophrologie, méthode agissant à la fois sur le corps, le mental et les émotions, se révèle être un outil puissant pour compléter la mise en place de routines en favorisant une atmosphère propice à l’apaisement.
Qu’est-ce qu’une routine ?
C’est un ensemble de gestes, d’actions et d’évènements qui se répètent quotidiennement dans un même ordre et au même moment.
Les routines permettent d’organiser les besoins essentiels comme l’hygiène, l’alimentation, les apprentissages, le sommeil.
Appelées « routines » ou « rituels », ces périodes ne sont pas considérées comme des contraintes pour l’enfant, bien au contraire ! Elles servent de repère dans le temps, point qui peut être particulièrement difficile quand on est un enfant atypique. En effet, la représentation temporelle et la notion de passé, présent et futur n’est pas aisée pour ces profils parce qu’elle leur apparaît particulièrement abstraite.
Elles peuvent apporter du cadre dans un monde qui peut sembler intimidant pour ces enfants.
Les avantages des routines pour les enfants atypiques
- Réduction de l’anxiété et amélioration de la gestion des émotions : les enfants neuroatypiques éprouvent souvent de l’anxiété face à des situations inattendues, notamment la peur d’être en retard, l’anticipation des tâches à réaliser. Ces routines créent un sentiment de stabilité et permettent à l’enfant de mieux anticiper les évènements. En effet, gérer les nouveautés demande beaucoup d’énergie à un enfant neuroatypique. Cela peut engendrer de la fatigue supplémentaire, déjà très présente en eux pour faire face à leurs difficultés. Un planning détaillé avec les différentes étapes de l’activité est structurant pour eux.
- Régulation du comportement : en ayant un contrôle sur ce qui va se passer, l’enfant peut gérer plus facilement son comportement, diminuer ses réactions impulsives. Il parvient à mieux réguler son comportement et se sent plus serein avec les autres, enfants comme adultes. L’anticipation permet de limiter les sentiments de déception et frustration, très courants chez l’enfant atypique. Une routine matérialisée de façon visuelle (planning des activités par exemple) permet à l’enfant de voir les différents temps de la journée et comprendre ce qu’il doit faire. Cela évite des négociations et argumentations à n’en plus finir.
- Amélioration de la concentration : en comprenant ce qui va se passer, l’enfant peut se concentrer plus facilement sur la tâche à accomplir. Il active sa mémoire par la répétition des gestes.
- Renforcement de la confiance en soi et de l’estime de soi : ces routines sont primordiales en début et fin de journée, quand l’enfant se sépare de ses parents, avant d’aller à l’école et au moment du coucher. Il ne ressent pas le besoin de s’inquiéter, se sent en sécurité et donc gagne en confiance et en autonomie. Par ailleurs, la réussite dans l’accomplissement des activités renforce l’estime de soi. Ces « petits défis » quotidiens favorisent la réussite et participent à la construction d’une image de soi plus positive.
Intégrer la sophrologie dans la routine quotidienne
L’intégration de la sophrologie dans la routine d’un enfant atypique peut apporter des bienfaits significatifs pour le bien-être émotionnel. En effet, avec des techniques de relaxation, conscience du corps, respiration et visualisation d’images positives, elle peut prendre sa place dans la vie de tous les jours en renforçant les avantages de routine.
Grâce à la respiration consciente et contrôlée favorisant la détente musculaire et la projection mentale dans des situations agréables, la pratique de la sophrologie propose des exercices concrets pour favoriser le retour au calme et gérer le trop plein émotionnel.
Les exercices peuvent être incorporés à des moments clés de la journée, créant des pauses délibérées où l’enfant peut se recentrer. Ces périodes de tranquillité permettent à l’enfant d’être plus à l’écoute de lui-même et mieux apprendre à gérer ce qui le traverse.
Quels outils proposer et à quel moment ?
La routine sophrologique au moment des devoirs
Quelques exercices de concentration avant la mise au travail sont très efficaces.
L’exercice du sablier (objet de concentration)
Demandez à votre enfant de prendre un sablier (que l’on peut trouver dans certains jeux de société ou tout simplement un sablier du commerce servant à faire cuire des aliments). Dites-lui ensuite de regarder attentivement la forme du sablier, sa couleur, sa taille, sa matière puis de le retourner et de se concentrer uniquement sur l’écoulement des grains, sans penser à autre chose. Cet exercice permet de maîtriser ses pensées, pour ne pas se disperser.
Le tableau (les éventails)
Il est également possible de faire un exercice pour chasser ses doutes, ses pensées négatives qui est l’exercice du « tableau » (les éventails).
« Ferme les yeux et imagine devant toi un tableau sur lequel tu inscris toutes les phrases qui t’empêchent d’avancer. Puis tu inspires par le nez et tu lèves tes bras à l’horizontale, et tu places tes mains à la verticale comme des petits chiffons. Tu retiens ta respiration quelques secondes et tu secoues les mains devant toi pour effacer ce qui est écrit sur ton tableau imaginaire. Puis tu souffles par la bouche et tu redescends les bras de chaque côté de ton corps. Tu recommences encore 2 fois puis tu fais une pause pour observer ce que tu ressens. Peut-être tu peux observer que tes blocages s’effacent et que tu te sens mieux ».
La pause des 5 sens
Avant de passer à une autre activité, inclure une courte pause avec une activité faisant appel à ses cinq sens pour s’apaiser.
Par exemple, « prends un petit carré de chocolat : tu le regardes, tu entends le bruit du papier quand tu l’ouvres, tu le touches du bout de tes doigts et tu sens comme il est lisse et un peu collant, tu le mets sous ton nez pour le sentir, le respirer puis tu en croques un petit morceau et tu le sens dans ta bouche, puis tu le poses sur ta langue pour le laisser fondre. Apprécie toutes les saveurs dans ta bouche ».
La routine sophrologique au coucher
La respiration consciente
La respiration consciente peut aider l’enfant à se calmer quand il se sent inquiet, notamment avant la nuit, quand il doit se séparer de ses parents. Pratiquer une respiration abdominale pendant quelques minutes permet d’abaisser le niveau de stress dans l’organisme et favorise l’endormissement. « Je respire profondément par mon nez en gonflant mon ventre et j’expire par la bouche tout doucement pour dégonfler mon ventre ». Au fur et à mesure, l’enfant allonge ses temps d’expiration et parvient à se tranquilliser.
La relaxation musculaire progressive
La relaxation musculaire progressive peut aussi être intéressante. L’enfant imagine qu’il détend mentalement chaque partie de son corps, de la tête aux pieds favorisant un relâchement physique important. « Je détends dans ma tête les muscles de mon visage, puis je descends vers les épaules, les coudes, les bras, le torse, le ventre…jusqu’aux pieds ».
La visualisation
L’enfant peut également utiliser la projection d’images positives. Sur commande, il parvient à se créer des images mentales positives pour renforcer le calme et laisser partir les cogitations. Cela peut être de penser à un endroit où l’enfant se sent en sécurité, où il est heureux. Il peut le faire naturellement en imaginant certains éléments d’une histoire qui sera lue au moment du coucher. Ainsi, il parviendra à s’endormir de façon plus sereine.
Construire une routine sophrologique adaptée à la maison et à l’école
Chaque routine doit tenir compte des besoins spécifiques de l’enfant, chacun est unique et a un mode de fonctionnement propre. Elle doit pouvoir être structurée mais souple, afin de s’ajuster quand c’est nécessaire, en fonction de l’évolution de l’enfant, de ses progrès ou ses difficultés. C’est en l’observant attentivement et en prenant le temps de communiquer avec lui que cet ajustement peut se faire : à quels moments de la journée est-il stressé ou calme ? Quand se sent-il en difficulté ? Quelles activités parvient-il à réaliser ? Quand ressent-il le besoin de s’isoler ou au contraire, quand a-t-il besoin d’être accompagné par l’adulte ?
Le développement de l’enfant n’étant pas linéaire, la routine doit évoluer avec l’enfant au fur et à mesure de son autonomie. Une routine efficace est une routine flexible qui dure dans le temps et apporte des bénéfices à long terme. Il est important que l’enfant se sente acteur de sa routine, en tenant compte de ses limites. Inutile par exemple de proposer à l’enfant de se mettre tout de suite au travail en rentrant de l’école si l’enfant est à fleur de peau suite à un évènement qui a eu lieu en fin de journée. Il aura sans doute besoin d’un temps de décompression pour évacuer son trop plein d ‘émotions.
Il paraît intéressant de partager les routines mises en place à la maison avec les équipes éducatives de l’école, afin de maintenir un équilibre, une continuité entre la maison et l’établissement scolaire, les journées d’école étant elles-mêmes structurées autour de routines, de rituels (comptines, temps de regroupements, jeux, récréations, temps calme…). Des exercices de sophrologie utilisés à la maison peuvent tout à fait être appliqués en classe. Pourquoi ne pas proposer un temps de respiration avant une dictée ou la récitation d’une poésie ? Cela permettra au personnel de soutenir et renforcer les pratiques et facilitera l’association de certains temps particuliers de la journée propices à la détente ou aux apprentissages.
Conclusion
Les routines agissent comme un outil puissant pour répondre aux besoins cognitifs et affectifs nécessaires à la construction de l’enfant. Elles favorisent une meilleure gestion de l’anxiété, la régulation des émotions et du comportement, améliorent la concentration et la confiance en soi. Elles sont indispensables pour offrir aux enfants atypiques un espace sécurisant, prenant en compte leurs besoins spécifiques, à la maison, comme à l’école. L’intégration de la sophrologie permet de maximiser ces bénéfices et créer un environnement favorable au bien-être des enfants neuroatypiques.
Vous souhaitez mettre en place de la sophrologie pour créer une routine efficace pour votre enfant ?
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